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20 mai 1826 – la Bibliographie de la France enregistre la publication chez Touquet d'une brochure intitulée Les Hauts Faits des Jésuites et leurs droits à la reconnaissance des Français... par le poète Beuglant, ami de Cadet Roussel, publiée chez Touquet.

Quelques jours après son premier drame satirique contre le ministère Villèle, Gérard récidive, toujours sous le pseudonyme de Beuglant, contre cette fois le soutien que l’Église, par le biais des Jésuites, apporte sans réserve au parti ultra, en instaurant partout en France des « missions » et en imposant son contrôle sur l’enseignement.

Voir la notice LES ANNÉES CHARLEMAGNE

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LES HAUTS FAITS DES JÉSUITES

DIALOGUE

Air : Je loge au quatrième étage.

 

Cadet-Roussel

Beuglant, je r’viens d’la Grenouillère,
Et j’te trouve ici tout à point ;
Tu vas éclaircir ma lumière
Sur eun’ question qu’est z’un grand point :
Tu lis, car t’es homme d’conduite ;
Quand on cherche un savant, te v’là !
J’entends partout le nom d’jésuite :
Parl’-moi donc un peu d’ces gens-là.

Beuglant

Un jésuite (A) ! apprends donc, mon homme,
Qu’c’est un moine insoumis aux lois,
Qui ne r’çoit d’instructions que d’Rome (B),
Et qu’est le plus grand enn’mi des rois :
Sa morale est un peu fantasque (C);
Les vertus n’sont rien à ses yeux ;
Mais c’est en en prenant le masque
Qu’il fait tant de dup’s en tous lieux.

Cadet-Roussel

L’grand enn’mi des rois ! ça m’tracasse ;
C’est des mots que j’n’entends pas bien :
Aux rois, quoi qu’tu veux qu’un moin’ fasse ?
Son pouvoir doit z’êt’ moins que rien.
Je m’rappell’ pourtant c’te vermine
Qu’on app’lait, j’crois, les capucins,
À qui l’costum’ donnait la mine (D)
Qu’avont souvent les assassins.

Beuglant

Des assassins !… Sans conséquence,
Tu viens, ma foi, d’prononcer l’mot :
Voilà comment, sans que t’y pense,
T’attache aux jésuites l’grelot :
Eh bien ! ces moines, pour combattre,
Grâce aux doctrines d’un Guignard (E),
Le vaillant, le grand Henri-Quatre,
N’ont eu besoin que d’un poignard.

Cadet-Roussel

Beuglant, ah ! j’frémis de t’entendre !
C’est par eux que l’premier Bourbon
Au fond d’la tombe a pu descendre !
Quoi ! c’est z’eux qu’ont tué c’roi si bon !
Mill’ tonnerr’s ! tout mon sang se glace,
Quand sous l’règn’ d’un p’tit-fils d’Henri (F),
On voit r’naître et rentrer z’en grâce
Un ordr’ si justement flétri !

Beuglant

Quand c’te société régicide (G)
Proscrivait un roi si chéri,
Déjà, sous son fer parricide,
L’dernier Valois avait péri (H).
Plus tard, par son ordre suprême,
Un bras pervers, mais chancelant (I),
Encor sur Louis-Quinzième,
Essaya son poignard sanglant.

Cadet-Roussel

Ainsi, de c’te perfide engeance,
Les vils suppôts r’nai’ donc toujours !
En vain l’sang des rois d’mand’ vengea
D’ceux qu’la Franc’ maudit tous les jours !
Ah ! quel est donc l’mauvais génie
Qui protèg’ ces enfants d’l’enfer ?
Quel est l’docteur… de Béthanie,
Qui veut dans leurs mains r’mett’ l’fer ?

Beuglant

De partout chassés pour leurs crimes (K),
Désignés par les potentats
Qu’ils voulaient rendre leurs victimes,
Comme les fléaux des États ;
Quand tous les peuples les connaissent,
Sous un ciel par eux rembruni,
En vain en France ils reparaissent :
Leur règne est à jamais fini.

Cadet-Roussel

J’t’entends avec plaisir, mon homme,
Et j’augur’ bien d’ta prédiction ;
Dans mes esprits tu r’mets du baume :
J’vois pâlir la Congrégation (L).
J’avons tous besoin qu’on s’accorde
Pour maint’nir la paix et l’union,
Et je n’voulons pas qu’la discorde
Serv’ des hypocrit’s l’ambition.

Beuglant

Va, nous rirons tous par la suite,
L’jésuitism’ n’aura pas d’succès,
D’autant plus qu’pour s’fair’ jésuite,
N’faut êt’ ni chrétien, ni français.
Mon ami, bois à l’espérance,
Bois à la franchise d’ not’ roi,
À la santé des pairs de France,
Qui r’pouss’ toujours un’ mauvais’ loi (M) !

Cadet-Roussel

Si les jésuit’ n’ont rien à r’frire,
Mon cher Beuglant, en vérité,
J’boirons d’bon cœur et j’pourrons rire,
Mais j’propose aussi z’eun’ santé :
Quand tant d’grands homm’ z’en mignature
Veul’ nous priver d’nos plus beaux droits,
Honneur à la magistrature (N)
Qui soutient si dign’ment les lois !

 

NOTES HISTORIQUES

(A) L’ordre des jésuites, connu sous le nom de Compagnie ou Société de Jésus, fut fondé en 1521, par Ignace de Loyola, Espagnol visionnaire et fanatique, qui, après avoir passé les vingt-neuf premières années de sa vie au métier de la guerre et au amusements de la galanterie, se retira au Mont-Ferrat en Catalogne, où il se consacra au service de la mère de Dieu, et prit le titre de chevalier de Jésus-Christ et de la vierge Marie. Il parvint d’abord à réunir dix compagnons, et obtint, du pape Paul iii, en 1538, la bulle qui approuve son institut.

Au vœu d’obéissance fait au pape et à un général représentant Jésus-Christ sur la terre, les jésuites joignirent ceux de pauvreté et de chasteté, qu’ils ont observés jusqu’à ce jour, comme on sait.

À peine la société fut-elle formée, qu’on la vit riche, nombreuse et puissante. En un moment, elle exista en Espagne, en Portugal, en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, au Nord, au Midi, en Afrique, en Amérique, à la Chine, aux Indes, au Japon ; partout également ambitieuse, redoutable et turbulente, partout s’affranchissant des lois, portant son caractère d’indépendance et le conservant, marchant comme si elle se sentait destinée à commander à l’univers (Extrait de L’Histoire des jésuites, par Diderot.)

(B) Le général de l’ordre réside à Rome, où les pères provinciaux lui adressent leurs rapports, de tous les points du globe, et reçoivent directement de lui leurs instructions.

Soumis au despotisme le plus excessif dans leurs maisons, les jésuites en sont les fauteurs les plus abjects dans l’Etat. Ils prêchent aux sujets une obéissance sans réserve pour leurs souverains, aux rois l’indépendance des lois et l’obéissance aveugle au pape, à qui ils accordent l’infaillibilité et la domination universelle. C’est quand les rois veulent se soustraire à cette obéissance aveugle au papa, qu’ils les déclarent tyrans, ennemis de l’Eglise, et les dévouent aux poignards, en déliant les peuples du serment de fidélité. Au surplus, ces hommes astucieux sont parvenus souvent à diriger la conscience des rois : et c’est par ce moyen qu’ils ont acquis une influence si dangereuse, et sont devenus véritablement, à certaines époques, les dominateurs des nations.

(C) Le mot « fantasque » ne nous semble pas rendre parfaitement l’idée de Beuglant : nous croyons qu’il a voulu dire que la morale des jésuites s’accommodait à toutes les circonstances, tantôt sévère et tantôt très relâchée, se modifiant toujours d’après leur intérêt. Au surplus, nous allons en donner un échantillon, en publiant quelques-unes de leurs maximes.

On trouve, dans les écrits des pères Discatille, Tambourin et Casnedi, qu’ « il est permis à un fils de se réjouir de la mort de son père, quand ce dernier lui laisse de grands biens ». Le père Taberna enseigne que « quand on est porté à la fornication par une violence irrésistible, la fornication ne peut point être imputée à crime ».

Selon le père Fegeli, que le séducteur d’une vierge qui consent à la séduction, n’est tenu qu’à faire pénitence, parce qu’  « une fille a la libre disposition de sa personne, et que ses parents ne peuvent, sous aucun prétexte, l’empêcher de la prêter à qui lui plaît ».

Le père Emmanuel Sa établit en principe qu’ « une femme, et même un homme, peut louer sa personne, demander et recevoir le prix d’un tel marché ; qu’une fille honnête, ou une femme d’une extraction noble, peut attacher à ses faveurs le prix qui lui convient ».

Le père J. Marin pense qu’ « une fille enceinte pourrait, sans crime, se faire avorter, dans le cas où ce serait le moyen unique et nécessaire pour cacher sa grossesse et éviter l’infamie ».

Le père Escobar fait habilement la distinction d’une « promesse qui oblige » et d’une « promesse qui n’oblige pas ». Il dit qu’ « il est permis de tuer un homme, quand son existence nuit à nos intérêts et qu’il s’agit de conserver notre fortune ».

Le père Bauny dit que « la soustraction journalière et continuelle d’un objet de peu de valeur, ne constitue point ce qu’on appelle un vol, et n’est pas un péché ».

Le père Emm. Sa et le père Gordon soutiennent que « l’on peut, en sûreté de conscience, prendre en cachette à quelqu’un, ce que l’on suppose qu’il vous aurait donné, si on le lui avait demandé ».

Enfin, tous ces bons pères soutiennent que « les plus grands crimes peuvent s’expier par des aumônes, des dons à l’église, et des fondations pieuses ».

(D) Les jambes nues, les sandales, le froc de bure, le capuchon et la barbe sale des capucins donnaient à la plupart un air capable d’épouvanter le voyageur qui les eût rencontrés au coin d’un bois. Cela n’empêche pas qu’il ne se soient trouvé dans cet ordre quelques hommes recommandables. Enfin ce n’est point à eux que le mot « assassins » est véritablement applicable.

(E) Le père Guignard, jésuite, auteur d’écrits apologétiques de l’assassinat de Henri iv par Jean Châtel, fut, pour ce fait, condamné, par le Parlement de Paris, à être pendu, et subit son jugement en place de Grève, en 1595.

(F) En songeant à la vénération avec laquelle le nom de Henri IV est toujours prononcé par les Français, on conçoit difficilement que, sous le règne de celui de ses petits-fils qui lui ressemble le plus par sa franchise et son amabilité, des hommes puissants, qui semblent étrangers aux affections nationales, tolèrent, protègent même une secte qui a mis le poignard à la main des assassins du bon roi, et que les lois du royaume ont justement proscrite.

(G) Plus de soixante docteurs jésuites, parmi lesquels on compte les pères Emmanuel Sa, Delrio, André Philopator, Bellarmin, Grégoire de Valence, Varade, Commolet, Guignard, Odon, Pigenat, Mariana, Azor, Garnet, Heissius, Serrarius, Suarez, permettaient au peuple de se constituer juge de la légitimité de son roi, « de le déposséder, de le faire mourir » !

Le jésuite Commolet disait en chaire, dans l’église de Saint-Barthelemy, le jour de Noël 1593 : « Il nous faut un Aod* ; fût-il moine, fût-il soldat, fût-il goujat, fût-il berger, n’importe de rien ! mais il nous faut un Aod ; il ne faut plus que ce coup pour mettre nos affaires au point où nous le désirons. »

Dans un autre sermon, cet apôtre du carnage mit au rang des bienheureux du ciel, Jacques Clément, moine assassin de Henri III.

Comme toutes les déclamations et les écrits de ces énergumènes reçurent l’approbation de la Société, mérite-t-elle ou ne mérite-t-elle pas le nom de régicide ?

* Jeune homme de la tribu de Benjamin, qui assassina fort adroitement Églon, roi des Moabites. (Voyez la Bible)

(H) Quoique Jacques Clément, assassin de Henri III, fût un moine de l’ordre de saint Dominique, il n’en reste pas moins prouvé qu’il avait été excité à ce crime par les prédications des jésuites, instigateurs de tous les troubles de la Ligue. Ce qu’on a dit du père Commolet, dans la note précédente, en fait foi.

(I) Damien, qui assassina Louis XV, le 5 janvier 1757, ne porta à ce prince qu’un coup mal assuré, dont il fut légèrement atteint. Damien dit, dans l’un de ses interrogatoires, que son intention n’était pas de tuer le roi, qu’il voulait seulement le blesser, pour l’engager à changer de conduite, en cessant de persécuter l’Eglise. (Par ce mot, « l’Eglise », il faut entendre : les « jésuites ».)

(K) Dans l’arrêt du Parlement de Paris, du 6 août 1762, qui supprime l’ordre des jésuites comme une secte d’impies, de fanatiques, de corrupteurs, de régicides, etc., commandés par un chef étranger, et machiavélistes par institut, on trouve un Abrégé chronologique de l’histoire de l’ordre depuis sa fondation. Nous allons en retracer les principaux événements.

En 1547, Robadilla, un des compagnons d’Ignace, est chassé des Etats d’Allemagne, pour avoir écrit contre l’interim d’Augsbourg.

En 1560, Gonzalès Silveria est supplicié au Monomotapa, comme espion du Portugal et de sa Société.

En 1578, ce qu’il y a de jésuites dans Anvers en est banni, pour s’être refusé à la pacification de Gand.

En 1581, Campian, Skerwin et Briant sont mis à mort pour avoir conspiré contre la reine Élisabeth d’Angleterre. Dans le cours du règne de cette grande reine, cinq conspirations sont tramées contre sa vie par les jésuites : ils en tramèrent dix-sept contre Henri IV.

En 1588, on les voit animer la Ligue formée en France contre Henri III.

La même année, Molina publie ses pernicieuses rêveries sur la concordance de la grâce et du libre arbitre.

En 1593, Barrière est armé d’un poignard contre le meilleur des rois par le jésuite Varade.

En 1594, les jésuites sont chassés de France, comme complices du parricide de Jean Châtel.

En 1595, leur père Guignard est conduit à la Grève pour des écrits apologétiques de l’assassinat de Henri IV.

En 1597, les congrégations de auxiliis se tiennent à l’occasion de la nouveauté de leur doctrine sur la grâce ; et Clément VII leur dit : « Brouillons, c’est vous qui troublez l’Église. »

En 1598, ils corrompent un scélérat, lui administrent son Dieu d’une main, lui présentent un poignard de l’autre, lui montrent la couronne éternelle descendant du ciel sur sa tête, l’envoient assassiner Maurice de Nassau, et se font chasser des États de Hollande.

En 1604, la clémence du cardinal Frédéric Borromée les chasse du collège de Bréda pour des crimes qui auraient dû les conduire au bûcher.

En 1605, Oldecorn et Garnet, auteurs de la conspiration des poudres, sont abandonnés au supplice.

En 1606, rebelles aux décrets du sénat de Venise, on est obligé de les chasser de cette ville et de cet État.

En 1610, Ravaillac assassine Henri IV. Les jésuites restent sous le soupçon d’avoir dirigé sa main ; et, comme s’ils en étaient jaloux, et que leur dessein fût de porter la terreur dans le sein des monarques, la même année, Mariana publia, avec son Institution du prince, l’Apologie du meurtre des rois.

En 1616, les jésuites sont chassés de Bohême, comme perturbateurs du repos public, gens soulevant les sujets contre leurs magistrats, infectant les esprits de la doctrine dangereuse de l’infaillibilité et de la puissance universelle du pape, et semant, par toutes sortes de voies, le feu de la discorde entre les membres de l’État.

En 1619, ils sont bannis de Moravie pour les mêmes causes.

En 1631, leurs cabales soulèvent le Japon ; et la terre est trempée, dans toute l’étendue de l’empire, du sang idolâtre et chrétien.

En 1641, ils allument en Europe la querelle absurde du jansénisme, qui a coûté le repos et la fortune à tant d’honnêtes fanatiques.

En 1643, Malte, indignée de leur dépravation et de leur rapacité, les rejette loin d’elle.

En 1646, ils font, à Séville, une banqueroute qui précipite dans la misère un grand nombre de familles. Celle de 1761 n’est pas la première, comme on voit.

En 1709, leur basse jalousie détruit Port-Royal, ouvre les tombeaux des morts, disperse leurs os, et renverse les murs sacrés dont les pierres leur sont retombées lourdement sur la tête.

En 1713, ils appellent de Rome cette bulle Unigenitus, qui leur a servi de prétexte pour causer tant de maux, au nombre desquels on peut compter quatre-vingt-mille lettres de cachet décernés contre les plus honnêtes gens de l’État, sous le plus doux des ministères.

La même année, le jésuite Jouvency, dans une Histoire de la Société, ose installer parmi les martyrs les assassins de nos rois ; et nos magistrats attentifs font brûler son ouvrage.

En 1723, Pierre le Grand ne trouve de sûreté pour sa personne et de moyen de tranquilliser ses États, que dans le bannissement des jésuites.

En 1728, Berruyer travestit en roman l’Histoire de Moïse, et fait parler aux patriarches la langue de la galanterie et du libertinage.

En 1730, le scandaleux Tournemine prêche à Caen, dans un temple et devant un auditoire chrétien, qu’ « il est incertain que l’Évangile soit écriture sainte ».

C’est dans ce même temps qu’Hardouin commence à infecter son ordre d’un scepticisme aussi ridicule qu’impie.

En 1731, l’autorité et l’argent dérobent au flammes le corrupteur et sacrilège Girard.

En 1743, l’impudique Benzi suscite, en Italie, la sectes des mamillaires.

En 1745, Pichon prostitue les sacrements de pénitence et d’eucharistie, et abandonne le pain des saints à tous les chiens qui le demanderont.

En 1755, les jésuites du Paraguay conduisent en bataille rangée les habitants de ce pays contre leurs légitimes souverains.

En 1757, un attentat de parricide est commis contre Louis XV, et c’est un homme qui a vécu dans les foyers de la Compagnie de Jésus, que ces pères ont protégé, qu’ils ont placé en plusieurs maisons ; et, dans la même année, ils publient une édition d’un de leurs auteurs classiques, où la doctrine du meurtre des rois est enseignée. C’est comme ils firent en 1610, immédiatement après l’assassinat de Henri IV ; mêmes circonstances, même conduite.

En 1758, le roi de Portugal est assassiné à la suite d’un complot, formé et conduit par les jésuites Malagrida, Matos et Alexandre.

En 1759, toute cette troupe de religieux assassins est chassée de la domination portugaise.

En 1761, un de cette Compagnie, après s’être emparé du commerce de la Martinique, menace d’une ruine totale ses correspondants. On réclame en France la justice des tribunaux contre le jésuite banqueroutier, et la Société est déclarée solidaire du P. La Valette. Elle traîne maladroitement cette affaire d’une juridiction à une autre. On y prend connaissance de ses constitutions ; on en reconnaît l’abus ; et les suites de cet événement amènent son extinction parmi nous.

Voilà les principales époques du jésuitisme ; il n’y en a aucune entre lesquelles on n’eût pu intercaler d’autres semblables.

Combien cette multitude de crimes connus n’en fait-elle pas présumer d’ignorés ?

Comment se fait-il que, parmi les prélats les plus éclairés de la France, il s’en trouve qui, paraissant avoir oublié ces faits, se font les apologistes des jésuites, et cherchent à faire croire que, du rétablissement de cet ordre séditieux, la religion recevra un nouvel éclat, et le trône un nouveau degré de force !

(L) On entend par Congrégation l’association générale de tous les hommes imbus des doctrines jésuitiques, qui, quoique répandus dans les diverses classes de la société (depuis la plus haute jusqu’à la plus basse), reçoivent, par des voies détournées, une direction unique, ont des signes de reconnaissance et des mots de ralliement, et concourent, soit en commun, soit en particulier, de tous les moyens qu’ils ont reçus de la nature ou de leur position sociale, à l’accomplissement des projets de ceux qui les dirigent, au nom des intérêts du Ciel, et pour la plus grande gloire de Dieu.

(M) Telle que la loi du Droit d’aînesse, dont la seule proposition répandit les inquiétudes et l’alarme dans toute la France, et dont l’adoption, en jetant des brandons de discorde dans chaque famille, eût plongé dans le deuil une nation grande et généreuse, qui ne connaît de vrai bonheur que celui de vivre sous l’empire de cette Charte, où ses droits furent consacrés par un roi aussi éclairé que sage.

(N) Il est consolant pour la France de voir les magistrats à qui le dépôt des lois est confié, échapper au système de déception établi pour détruire les libertés publiques ; et prouver, par leur sagesse et leur fermeté, que tous les efforts d’une hypocrite malveillance viendront se briser sur le seuil du temple de la justice, où l’intégrité et la conscience des juges ne seront jamais de vains mots. La France a déjà inscrit dans ses fastes les paroles sublimes d’un magistrat aussi recommandable par son indépendance que par ses lumières et son intégrité, en réponse a quelques sollicitations d’un haut personnage : « Monseigneur, la cour que j’ai l’honneur de présider rend des arrêts et non des services. »

 

FIN

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